Concevoir un livre-anniversaire

MSERA fête ses 25 ans

MSERA fête ses 25 ans

Evelyne Plasse est co-présidente de Moderniser Sans Exclure Rhône-Alpes (MSERA), une association qui fête ses 25 ans. En dépit de la pandémie, le groupe projet qu’elle anime a décidé de mener à bien la conception d’un livre-anniversaire.

1. Pouvez-vous nous présenter les missions et les valeurs de MSERA ?

L’association a été fondée par Bertrand Schwartz, ancien directeur de l’École des mines de Nancy et fondateur des missions locales. Grâce à l’outil vidéo, il voulait donner une visibilité aux personnes que l’on faisait s’exprimer jusque-là par le biais de « porte-paroles ». C’était une approche très innovante au début des années quatre-vingt-dix. Désormais, si tout le monde peut filmer avec un smartphone, l’outil seul ne permet pas une réflexion approfondie et un déclenchement de l’action. Pour paraphraser le sociologue Michel Crozier « L’écoute est irremplaçable, car elle seule permet de découvrir la réalité du fonctionnement humain ».

La plus-value de l’approche de MSE réside en amont dans la préparation à l’animation de groupes. Il faut prendre des précautions : l’animateur ne doit pas induire de réponse, il doit laisser le temps de la réflexion, accepter les silences et se positionner à égalité avec l’interlocuteur via des questions ouvertes pour approfondir certains propos. Instaurer un climat de confiance demande du temps pour capter l’authenticité. Pour le sociologue et historien Pierre Rosanvallon : « Quand les problèmes ont un visage, on peut les prendre en compte ». C’est ce que fait MSE, à contre-courant de ce qu’on peut voir à la télévision ou sur les chaînes d’informations en continu à travers des microtrottoirs réducteurs.

2. Pratiquez-vous l’approche MSE dans votre activité professionnelle ?

Écouter les gens, c’est aussi les valoriser et c’est une valeur cardinale de MSE : les « sachants » n’ont pas la réponse à tout ! Il est nécessaire de questionner la marche d’un monde qui s’accélère, la technologie galopante. L’approche MSE s’applique tout autant à des personnes en difficulté qu’à des salariés en entreprise. Le seul frein est celui imposé par la gouvernance. Est-elle prête à écouter les remontées du terrain – des parties prenantes des métiers et de ses problématiques – pour faire grandir l’organisation ? Améliorer des processus ne peut qu’impacter favorablement la Qualité de Vie au Travail (QVT) et donc la performance.

Comme responsable de formation, j’analyse les besoins des services. Cela passe par l’écoute du stagiaire et du chef de service. Je vais au-delà des questionnaires impersonnels. La formation en entreprise n’est parfois qu’un prétexte car le vrai problème réside dans l’organisation du travail. L’écoute permet de trouver une solution en adéquation avec une situation donnée pour répondre au plus juste au besoin des responsables de service. J’avoue que la posture du responsable de formation est plus confortable que celle d’un DRH, qui peut inspirer de la défiance. Comment les gens apprennent-ils, pourquoi adhèrent-ils et quels sont leurs freins potentiels ? Autant de thématiques d’actualité !

3. Quelles actions menez-vous dans le cadre de MSERA ?

Dans le cadre du projet « Un pont entre deux rives », la municipalité de Rive de Gier avec le concours du centre social avait engagé une vaste rénovation urbaine dans le quartier du Grand Pont. La municipalité souhaitait désenclaver le quartier et promouvoir la mixité sociale. Nous avons été confrontés à divers groupes sociaux, notamment des femmes turques voilées. La première rencontre a été très compliquée : elles se sont murées dans la retenue et c’était très difficile de recueillir leur expression. Néanmoins, nous avons su débloquer quelque chose au moment de la deuxième séance et elles ont pu s’exprimer sur leur quartier, ce qui allait ou pas. La création d’un climat de confiance est primordiale, quel que soit le contexte.

Sur le projet « Emploi et mobilité » piloté par la Métropole de Lyon, nous avons mis en lumière le fait que les élus n’avaient pas imaginé toutes les difficultés rencontrées par les habitants de certains quartiers, notamment en matière de transports en commun. Ainsi certains jeunes non motorisés ne pouvaient pas postuler à un emploi à cause d’un manque d’amplitude horaire, le co-voiturage suscitant plutôt la méfiance. Enfin, tout le monde ne disposait pas de carte bleue – notamment les bénéficiaires du RSA – pour régler un Vélov ou un autre moyen de locomotion. Il existe donc des « trous dans le filet ». C’est aussi le cas en entreprise. Prenons la pénibilité au travail, observée dans le cadre du projet Innov’Age mené avec l’Agence pour l’Amélioration des conditions de travail. Nous avons donné la parole au personnel de production, à l’encadrement et aux organisations syndicales et remonté des problématiques de gestion de carrière, de mobilité interne, de santé au travail, de besoins de formation.

4. Pourquoi marquer les 25 ans de l’association ?

MSERA n’avait fêté ni ses 10 ans, ni ses vingt ans. 25 ans, c’est l’âge où on commence à se projeter professionnellement. C’est le bon moment pour développer des axes en phase avec les nouveaux enjeux sociétaux, notamment ceux auxquels les entreprises sont confrontées. Après avoir beaucoup œuvré sur le secteur social, nous sommes persuadés du bien-fondé de l’approche MSERA sur des sujets qui n’avaient pas été imaginés par Bertrand Schwartz.

5. Comment s’est constitué le groupe projet ?

Le noyau dur est constitué de professionnels qui étaient quasiment tous au début de l’histoire. Ils ont eu envie de participer à la création de ce document. Leur aide a été précieuse pour identifier les interlocuteurs qui ont vraiment compté dans l’histoire de MSERA. Nous avons ainsi pu renouer le fil grâce à vous. Un panel représentatif de projets anciens et plus récents, de secteurs, de sujets (près d’une cinquantaine), de métiers… a été défini. Nous nous sommes rendus compte que beaucoup de films restaient encore d’actualité, par exemple celui sur la citoyenneté.

Disposer de la matière ne signifie pas pour autant savoir la mettre en valeur pour capitaliser. Nous avons été bluffés que vous ayez pu reconnecter plus de la moitié des quelques quarante contacts identifiés initialement. Nous n’avions pas ce savoir-faire et n’aurions jamais pu mener cette démarche seuls. Vous avez su récupérer une narration pour la transformer en un document intelligible par tout lecteur. Sans votre participation, le résultat qualitatif n’aurait pas été le même. C’est le point de vue unanime du groupe projet et je me félicite d’avoir poussé cette initiative. Nous nous réjouissons d’une production professionnelle qui met nos partenaires en valeur, tout autant que nous, grâce à votre regard extérieur et distancié

6. Qu’apporte un outil de communication tel que le livre d’entreprise ?

Le format des témoignages qui racontent les 25 ans de notre histoire est original. Il permet de bien valoriser l’approche de MSERA et le déroulé des projets. C’est un formidable outil de communication. Un livre est un objet qui reste – sur un bureau, une étagère – et qu’on refeuillette. C’est aussi le moyen de fidéliser nos clients et partenaires et d’en contacter d’autres. Il témoigne concrètement d’une expérience et d’un savoir-faire, d’une volonté de transmission, de compétence. Par ailleurs, c’est un outil d’image pour l’association et ses partenaires. Il constitue un vecteur social motivant pour les sympathisants qui peuvent ainsi promouvoir leur « maison ». Enfin, il permet de diffuser un message plus largement via les réseaux sociaux et divers canaux (site, emailing etc.).

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