Freelances : tout le monde n’a pas vécu le même confinement
Pendant que 8,6 millions de Français sont en chômage partiel en avril selon Les échos, l’impact de la non-activité se fait durement sentir chez les indépendants et les freelances. Ces derniers, dont je fais partie, font face à de multiples injonctions organisationnelles. Il leur faut compenser l’inactivité en produisant du contenu, se former, réseauter – j’évoque au printemps les apéros skype de mon groupe d’échange Bistrot et Business – faire du bénévolat, s’attaquer à des tâches de fonds jusque-là procrastinées, la liste est longue.
Cependant, cette période peut aussi être l’occasion de se lancer dans ce que le site Amédée appelle un « projet passion ». Je me souviens du conseil d’Hervé Beyoux – préparateur mental des arbitres auprès de la Fédération Française de Football – prodigué lors du Lab Hummaninov il y a quelques années. Selon lui, il est important de se distancier de l’enjeu pour l’affronter plus sereinement.
Chacun a sa technique. Rester collé devant son écran, ne louper aucun mail, aucune alerte, aucun coup de fil, au bout du compte, n’est pas une solution et ajoute du stress au stress. Marche et musique en ce qui me concerne, aident à la prise de recul.
Marcher pour décompresser
Les confinés disposant d’un temps de sortie équivalent à celui des détenus de Fleury-Mérogis, je me décide de l’employer de façon créative. Depuis le printemps 2019, je marche quotidiennement. Quelles que soient les conditions climatiques, au moins 8 000 pas, soit 5 à 6 kilomètres. Passée la première semaine de sidération, je me décide à remettre le nez dehors dans les limites imposées par le confinement : une heure par jour dans un rayon de 1 kilomètre. Au début, il s’agit d’allers-retours dans mon quartier, entre le 3ème et 6ème arrondissement de Lyon. Petit à petit, je prends des chemins de traverse : rues parallèles ou perpendiculaires, changements de circuits, boucles. Je redécouvre une architecture à laquelle je ne prêtais plus attention, un mobilier urbain, des interstices de vies parallèles. On peut « voir » plein de choses en marchant !
Sens de l’observation et plaisir des yeux
Le visuel prend une dimension nouvelle lorsqu’il est placé hors de son contexte usuel. Prenons par exemple les publicités. Celles-ci renvoient au marcheur des images aguicheuses, ironiques et souvent décalées. Au gré de pérégrinations quotidiennes, mon regard s’attarde sur des détails insignifiants. Je capte des images à l’aide d’un smartphone, inspiré par la phrase de Willy Ronis : « Il y a un vrai plaisir à trouver la place juste, cela fait partie de la joie de la prise de vue, et c’est quelquefois aussi un tourment, parce qu’on espère des choses qui ne se passent pas ou qui arriveront quand vous ne serez plus là ».
La musique comme rituel quotidien
Parallèlement à la marche, je m’astreins dès le premier jour de confinement à choisir un « DC » (Disque de Confinement) que je chronique en une dizaine de lignes sur ma page Facebook personnelle. Jazz, rock, chanson française, rythmes latins, synthétiseurs, etc. … les styles sont variés. Étant habitué à écrire sur des sujets industriels complexes, cet exercice m’oblige à la concision. En effet, il faut adopter un style plus direct afin de donner envie d’entendre – ou de réentendre – certains artistes connus ou pas. Selon Nietzsche « La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. ».
Au bout de 55 jours, naissance du Pangolin !
Depuis, la réalité économique quotidienne reprend le dessus. Il faut penser à la prospection, aux clients qui ont eu à faire face à leurs propres contraintes organisationnelles. Avec le recul, je décide de mettre en forme mes chroniques musicales. J’agrémente mes photos de citations collectées depuis plusieurs années au gré de nombreuses lectures.
Je retiens de cette période délicate que la marche et la musique m’ont grandement aidé à structurer les 55 jours de confinement. Ces activités ont constitué des repères qui ont rythmé chaque journée. Elles ont aussi fait découvrir à mes amis et connaissances d’autres facettes de mes compétences rédactionnelles.
Le résultat est disponible sous la forme d’un fichier intitulé « Le pangolin déconfiné ». Le PDF, qui contient aussi des liens vers des vidéos musicales, est téléchargeable gratuitement ICI ou en cliquant sur le visuel ci-dessous.
Bonne lecture !
Le Pangolin déconfiné (60 pages) – par Patrick Ducher
Un recueil de 55 photos, chroniques musicales et citations conçu entre le 17 mars et le 10 mai 2020.
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